Terres

Grès des Archers

Elevée au lait du Bas-Berry, bercée par le ventre de cette terre, un jour, pendant mon apprentissage chez Marc-Michel Gabali et lors d’une promenade aux abord du village des Archers, elle s’est offerte à moi.

Naturellement, je l’ai nommé Grès des Archers, pour sa vitrification aux alentours de 1280°C, et son lieu de récolte.

Elle se cueille orangé-jaune, et se métamorphose : rouge-carmin en oxydation, violet-pourpre en réduction, elle devient noir-galaxie au contact des cendres.

Elle est gorgée de silex, de mica très fin, de quartz feldspathique plus où moins ferrugineux, et d’un je-ne-sais-quoi qui lui confère ce noir si dense et si profond, qui la caractérise, après le travail des cendres.

Alors, avec ma pelle et ma pioche, deux fois par an, je tire des entrailles de la terre ce petit bijou de céramique.

Elle est ma terre, et une seule personne sait comme moi où la trouver. 

Elle aime se marier avec sa sœur, la terre bleu-noire de la Borne. Par petite touche, après tamisage et pétrissage, et seulement dans les cas de cuissons longues dans les fours Anagama les plus chauds.

Au Moyen-Age, le Village des Archers était le pôle d’activité céramique du Berry. Puis le Canal du Berry à été détourné, les transports de poteries devinrent plus coûteux, et le Village des Archers se délesta peu à peu de ces potiers. Mais le Grès des Archers est encore là, près à être exhumé.

Porcelaine

La porcelaine est une argile kaolinique, découverte à l’origine et à l’état presque pure par les Anciens Chinois, et qui, après moultes aventures, heureuses où non, moultes transformations et autres procédés d’ateliers, nous est parvenue, mélange de feldspath, de silice et de kaolin, sur le marché et dans tous magasins spécialisés.

En attendant de récolter tout les matériaux nécessaires à sa difficile fabrication, je travaille une porcelaine déjà préparée, relativement aisée à tourner, et qui, n’étant pas si réfractaire, révèle une multitude de couleurs généreuses et authentiques aux passage des flammes grâce aux processus de cendrage et de carbone-trap propre à l’Anagama.

Comme dans toutes les argiles que je travaille, je lui ajoute les quartz et silex du Grès des Archers, dans son tesson où par le biais du jeu des engobes que je pose au pinceau.

Ainsi agrémentée, elle développe cristallisations et couleurs inédites propre aux oxydes métalliques contenus dans ces quartz et silex du Bas-Berry.

Après avoir mis en place un émail réfractaire qui attrape peu les cendres du four, le jeu est de composer une alternance entre les intérieurs blancs immaculés, constellés d’étoiles de quartz et silex noirs qui font surface, tirés par l’action longue des flammes et de la cendres, et les extérieurs livrés à l’action des cendres, maculés des couleurs du bois minéral, et qui deviendront roses de flammes, mauves, bleus-électrique, bruns-jaunes, verts d’eau, noirs en saturation…  

Embraisée, la porcelaine se charge de carbone dans son tesson, et révèle tout un nuancier de bleu pâle où foncé, lavandes, noirs…